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Se loger ou se nourrir, cruel dilemme

26/06/2024

L'Édito

La crise du Covid et la guerre d’Ukraine ont entraîné une hausse des prix des produits alimentaires, exacerbant la précarité alimentaire dans notre propre pays. Cette précarité ne touche pas seulement les plus déshérités, mais également les étudiants, des familles monoparentales, des retraités et même des couples divorcés. Ces personnes sont souvent accablées par le coût élevé du logement, qui ne cesse d’augmenter en raison de l’insuffisance de nouvelles constructions, qu’il s’agisse de résidences universitaires, de logements sociaux ou d’autres types de logements. La politique alimentaire ne peut être isolée de celle du logement ni de celle de la santé.
Jean-Philippe Boussemart, dans un récent article, analyse les évolutions à long terme de l’agriculture française. Il démontre que les prix des produits agricoles en valeur réelle, c’est-à-dire corrigés de l’inflation, ont fortement baissé jusqu’au changement de Pac en 1992. Avec l’ouverture progressive des marchés mondiaux, ils ont diminué moins rapidement jusqu’à la crise de 2008. Depuis lors, on observe à la fois une tendance à la hausse et une forte irrégularité des cours. On aurait pu penser que cette hausse des prix inciterait les agriculteurs à augmenter leur production, mais les investisseurs agricoles ont surtout besoin de régularité.

Cette contradiction se retrouve aussi dans les prix des produits alimentaires. Les industries agroalimentaires, principales acheteuses de la production agricole, ont subi la pression des centrales d’achat qui ont laminé leurs profits malgré les lois Egalim successives. Seuls quelques groupes multinationaux ont été capables de résister.
Parallèlement, les dépenses de logement ont explosé. En 1960, les ménages français consacraient 31 % de leur budget à l’alimentation et 20 % au logement. En 2021, les dépenses pour le logement atteignent près du tiers du budget (32,8 %) et celles pour l’alimentation, les boissons et le tabac 18 %. Bien entendu, il s’agit d’une moyenne qui cache des disparités, 60 % des français étant propriétaires de leur logement, et la part de l’alimentation augmentant pour les ménages aux revenus les plus bas.
Paradoxe supplémentaire, la France dispose pourtant de deux fois plus de terres agricoles par habitant que l’Allemagne. Néanmoins, la dépense de logement est plus importante dans notre pays car nous n’avons pas su enrayer la spéculation immobilière. L’écart de prix entre la terre agricole et le terrain à bâtir est de 1 à 100 mais cette différence n’aide ni à l’installation des jeunes agriculteurs ni à l’accès au logement pour les jeunes citadins. Choix de société, pourrait-on dire !

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