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Prix des céréales : anatomie d’une chute

17/04/2024

Grandes Cultures

Les prévisions du Conseil international des céréales pour la campagne 2024/2025 annoncent des records de production, mais les prix restent instables.

Les prévisions que le Conseil international des céréales pour la prochaine campagne 2024/2025 confirment la tendance observée depuis plus de dix ans. La production mondiale ne cesse de croître, avec des records historiques attendus l’année prochaine : 2 332 millions de tonnes (Mt) de céréales, 523 Mt de riz et 413 Mt de soja. Ces chiffres ne sont que des prévisions et pourraient être remis en cause par des accidents climatiques. Mais force est de reconnaître que l’abondance règne depuis une décennie malgré les craintes souvent exprimées à ce sujet.
Mais alors comment expliquer les fortes augmentations des cours qu’on a connues pendant plus de deux ans ? Tout simplement parce que les « lois » selon lesquelles les marchés sont le meilleur moyen d’établir un prix d’équilibre entre l’offre et la demande ne sont pas très efficaces dès lors qu’un élément extérieur intervient. C’est d’autant plus vrai si la concurrence est perturbée par la monopolisation croissante des acteurs. Autrement dit, la guerre d’Ukraine et le blocage des routes maritimes de la mer Noire, le manque de containers imputable au rétablissement du fret maritime avec la Chine et la concentration du commerce international des céréales et du soja dans quatre firmes, les « Big fours » qu’on appelle aussi ABCD (1), ont contribué à cette situation. Ces sociétés, qui contrôlent 90 % du marché international, sont les seules à détenir des stocks depuis que l’OMC a interdit les stocks publics. Elles peuvent donc facilement profiter des évènements extérieurs pour développer une spéculation accrue, amplifiée par des intervenants financiers avides de plus-values.

Un équilibre perturbé
Ainsi, alors que la production mondiale battait des records, les prix suivaient la même tendance, avant de connaître aujourd’hui une baisse tout aussi excessive. Telle est la loi des marchés non régulés. Le risque est évident pour les producteurs agricoles. En cas de forte volatilité, il devient dangereux d’investir car lorsque la crise survient, ce sont les agriculteurs les plus modernisés qui disparaissent car ils sont les plus endettés.
Actuellement, seule la Chine s’est mise à l’abri en gardant la moitié des stocks mondiaux soit 320 Mt de céréales sur un total de 600 Mt, 100 Mt de riz sur 170 Mt et 40 Mt de soja sur 68 Mt. Mais Pékin ne s’est pas donné pour rôle de réguler les prix mondiaux. De leur côté, les Etats-Unis, grands exportateurs de céréales et de soja et principaux actionnaires de trois des quatre majors du commerce, peuvent bénéficier des prix élevés et soutenir les cours intérieurs en affectant 38 % de leur production de céréales à la fabrication d’énergie. On sait pourtant, depuis l’ère des pharaons, que les stocks sont essentiels à la cohésion sociale dans le pays qui les détient et ont la capacité à éviter la famine ailleurs dans le monde. Il est donc étonnant que l’UE ne se donne pas les moyens de retrouver une certaine souveraineté en matière de céréales comme de médicaments, et qu’elle ait même critiqué, au dernier sommet de l’OMC, la demande de l’Inde de constituer des stocks !

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