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La Chine et l’arme alimentaire

26/06/2024

Grandes Cultures

La Chine détient des stocks massifs de céréales et de riz, lui permettant de réguler les prix mondiaux et de sécuriser son approvisionnement alimentaire, révélant une stratégie à long terme face aux crises alimentaires mondiales.

Depuis la chute du mur de Berlin, la majorité des gouvernements des pays dits riches ont cru au mythe de la fin de l’histoire cher à Fukuyama, pensant que les marchés pouvaient assurer le meilleur équilibre possible entre l’offre et la demande de produits alimentaires. Pourtant, l’histoire montre que les marchés n’atteignent pas cet équilibre sans crises graves, comme en témoignent les famines et les révoltes.
C’est dans ce contexte que l'OMC a été créée avec pour credo, la suppression des droits de douane et l'interdiction des stocks publics. Une philosophie mise à l’épreuve lors de la crise de 2008 avec son cortège d’émeutes et plus récemment, avec la brusque montée des prix des produits agricoles sous prétexte de la guerre d’Ukraine, malgré une récolte record la première année du conflit. On avait simplement oublié que toute la théorie de l’équilibre des marchés repose sur le principe de la concurrence pure et parfaite, ce qui est difficile à appliquer quand le marché mondial des céréales est dominé par quatre grandes firmes.
Les gouvernements se sont retrouvés « forts dépourvus » quand les prix des céréales se sont envolés, ayant abandonné les outils qui leur auraient permis de réagir. Les stocks étaient réduits au minimum, non pas à cause de mauvaises récoltes antérieures, mais bien parce que l’OMC les interdisait.

Stratégie à long terme
Un seul pays a fait exception : la Chine. Membre de l’OMC depuis décembre 2001, Pékin s’est bien gardé d’appliquer cette interdiction, adoptant une stratégie à long terme qui vise notamment à anticiper les risques de rétorsion sur les importations alimentaires en cas de conflit avec Taïwan, territoire qu’il considère comme sien. L’idée est très simple : avoir des stocks suffisants pour tenir pendant le conflit potentiel.
La Chine a tiré la leçon de la crise de 2008-09. Jusque-là, elle ne gardait que 150 millions de tonnes (Mt). Pendant les 5 années suivantes, elle a plus que doublé son stock, qui oscille entre 320 et 340 Mt depuis 2017. Pour la campagne 2023-24, le stock chinois est de 321 Mt, soit 55 % du stock mondial total qui s’élève à 587 Mt. À titre de comparaison, les exportations mondiales totalisent 434 Mt, et les besoins internes de la Chine sont de 110 Mt pour l’alimentation humaine, 262 Mt pour l’alimentation animale et 93 Mt pour l’éthanol. Cette année-là, la Chine a importé 56 Mt.
Pékin peut ainsi couvrir presque un an de sa consommation humaine et animale avec ses stocks, qui représentent cinq années d’importations. De plus, détenant plus de la moitié des stocks mondiaux, le pays a le pouvoir de les faire varier de plusieurs milliers de tonnes dans un sens ou dans l’autre, provoquant des hausses ou des baisses tout aussi catastrophiques.
La situation est similaire pour le riz. La Chine détient un stock de 101 Mt pour une utilisation de 148 Mt, entièrement couverte par la production intérieure. Le stock mondial de riz est de 168 Mt pour une production de 514 Mt et des échanges mondiaux très minimes avec seulement 51 Mt. Autrement dit, la Chine détient en stock deux années de commerce mondial de riz. A bon entendeur !

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