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Du Bordeaux trop abondant et trop rouge

17/04/2024

Viticulture

Avec une offre excédentaire et une demande en berne, les bordelais font face à une crise sans précédent, exacerbée par une production majoritairement rouge en déclin.

C’est à n’y rien comprendre. Alors que les vins et champagne atteignent des résultats records en matière d’échanges commerciaux sur les marchés mondiaux, les viticulteurs de Bordeaux, fleuron s’il en est de cette viticulture française, manifestent leur désappointement et réclament des aides à l’arrachage des vignes.
En 2023, le solde “boissons” a connu une légère baisse de 800 millions d’euros (M€) par rapport au record atteint en 2022, qui s’élevait à plus de 16 milliards € (md€) soit une baisse limitée à 5 %. L’excédent 2023 est donc encore de 15,2 md€ dont 11 md€ pour les seuls vins et champagne. La France demeure le premier exportateur mondial en valeur dans ce secteur. Comment un tel succès peut-il cacher une telle crise, en particulier dans la région de Bordeaux ?
Il y a d’abord une crise de la demande, qui concerne à peu près tous les pays du monde. Les générations se suivent et ne se ressemblent pas. Chaque nouvelle génération consomme moins de vin que la précédente, même si on observe une montée en gamme qui permet d’augmenter les prix unitaires et de compenser ainsi en partie ou en totalité les diminutions de volumes. De plus, on observe un désintérêt pour les vins rouges au bénéfice des rosés et surtout des vins blancs. A cet égard, la région de Bordeaux est particulièrement concernée puisque 85 % de sa production est du vin rouge, lequel a été plus affecté que la moyenne nationale. Sa consommation a baissé de 28 % en 20 ans au niveau national et celle de Bordeaux de 39 %.

Une crise structurelle et conjoncturelle
S’ajoutent des problèmes spécifiques à Bordeaux. En 1980, la surface viticole de cette région était tombée à 75 000 ha. Or, dans les années qui ont suivi, la demande a explosé, entraînant des plantations massives d’environ 50 000 ha. C’est plus que la totalité du vignoble de Nouvelle Zélande ! Cela a créé une crise sévère au début des années 2000. Des aides à l’arrachage ont déjà été versées, mais cela n’a pas suffi. Il y dix ans, il y avait encore 118 000 ha de vignes. Depuis, le vignoble a perdu 10 000 ha. Il en reste 108 000 ha.
Cette surface est bien supérieure aux capacités des maisons de négoce de la région. Contrairement aux autres régions viticoles, les grandes maisons de commerce de Bordeaux ont cessé de commercialiser les gros volumes de vins de moins de 10 €, préférant se concentrer progressivement sur les grands domaines prestigieux. Ces entreprises auraient même considérablement réduit leur approvisionnement. Elles commercialisaient la production de 200 domaines il y a 20 ans, 100 il y a dix ans et seulement 50 aujourd’hui.
Dans ces conditions, de nombreux viticulteurs peinent à écouler leur production dans un contexte où les coûts ne cessent d’augmenter. La profession demande une réduction significative des surfaces. C’est ce qui s’est passé dans le Beaujolais où suite à la crise, la moitié des surfaces a été arrachée. Une crise grave, dans une région que l’on croyait bénie des dieux et qui faisait même rêver les riches chinois. « La roche Tarpéienne est proche du Capitole », disait les Romains. Mais cette région a souvent démontré sa capacité à se réinventer, grâce à des atouts considérables.

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