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3 QUESTIONS À… François PURSEIGLE

26/06/2024

Sociologue, Institut national polytechnique de Toulouse

Accompagner la montée en diversité et en complexité des entreprises agricoles

1 – Quelles sont les principales mutations sociales auxquelles sont confrontés les agriculteurs ?

Les agriculteurs font face à trois mutations majeures. Premièrement, un effacement démographique sans précédent. Aujourd'hui, les chefs d’exploitation représentent seulement 15 % de l'emploi total en France, soit environ 400 000 actifs agricoles. D'ici 2026-2030, la moitié d'entre eux atteindront l'âge de la retraite. Les actifs agricoles, ces parents, enfants, retraités qui donnent des coups de main sur les exploitations n’ont eux aussi jamais été aussi peu. Seuls 18 % des chefs d’exploitations travaillent avec leur conjoint(e). Le salariat se développe, selon de nouvelles modalités, notamment autour des groupements d’employeurs, Cuma ou ETA.
La deuxième mutation majeure réside dans la montée en diversité des exploitations. Bien que 90 % des exploitations soient familiales, leur mode de fonctionnement change. Les agriculteurs concilient de plus en plus différents projets artisanaux, industriels ou patrimoniaux et ce, à l’échelle d’un même territoire. Il y a donc un enjeu à accompagner cette montée en diversité. Et à côté des exploitations familiales, il y a des entreprises aux allures de firmes ou à l’inverse, de subsistance. Donc le paysage de l’exploitation agricole est de plus en plus protéiforme.
Troisième mutation, les controverses sur les pratiques agricoles et le pouvoir réduit des agriculteurs à l’échelle des communes, bien qu’ils soient encore 12 à 14 % des maires en France.

2 – Quel est le profil des nouveaux agriculteurs ?

Il est très difficile de dresser un portrait-type. Environ 30 % des nouveaux installés sont pluriactifs et combinent plusieurs activités professionnelles. Ils sont aussi généralement bien formés, qu'ils soient issus du milieu agricole ou non, et sont souvent porteurs de nouveaux projets et de nouvelles méthodes de commercialisation, notamment via les circuits courts. Les non-issus du milieu agricole (NIMA) représentent 30 % des nouveaux installés. Et si le métier reste essentiellement masculin, les femmes de moins de 40 ans représentent 30 % des nouvelles installations. Tous ces nouveaux profils cherchent à réinventer la manière de produire et portent des ambitions entrepreneuriales très diverses. Et puis, les nouveaux producteurs agricoles sont aussi de jeunes chefs de cultures ou d’ateliers car on peut s’insérer dans l’agriculture par les métiers du salariat.

3 – Comment inciter les jeunes à s’orienter vers les métiers agricoles ?

Pour attirer les jeunes vers les métiers agricoles, il est crucial de les sensibiliser aux enjeux de la souveraineté alimentaire, de l'environnement et de l'emploi. Il faut faciliter l'accès au foncier et au capital d'exploitation, améliorer les conditions de travail, notamment grâce au numérique et à la robotique, et proposer des contrats attractifs pour assurer un revenu à des entreprises de plus en plus complexes et multi-spécialisées. Et assurer leur reprise.

Propos recueillis par Arielle Delest

 

 

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